Les parents d'enfants précoces sont souvent préoccupés par l'anxiété de leurs enfants, et pour cause. Les recherches indiquent que 12 à 20 % des enfants souffrent d'une anxiété suffisamment grave pour les envoyer en traitement, et qu'environ 3 à 5 % des enfants sont diagnostiqués avec divers troubles anxieux.
Malheureusement, les enfants n'expriment pas toujours leur anxiété sous la forme de "Maman, je suis anxieux" ou "Papa, j'ai peur". L'expression de l'anxiété, ou l'absence d'expression, dépend de chaque enfant et se manifeste de différentes manières. Certains enfants pleurent ou se comportent de manière agressive, tandis que d'autres se referment sur eux-mêmes.
Bien que les recherches sur l'anxiété n'indiquent pas le nombre d'enfants précoces inclus dans les études, il est raisonnable de supposer que les échantillons représentatifs comprennent des enfants à haut potentiel. Déjà perturbante en soi, si elle n'est pas traitée, l'anxiété peut entraîner de graves conséquences telles que des résultats scolaires insuffisants et un risque accru d'autres troubles psychiatriques.
Les sources d'anxiété chez les enfants
Les chercheurs ont identifié plusieurs sources d'anxiété générale. Ces sources comprennent les éléments suivants :
une suractivité dans les zones du cerveau impliquées dans les émotions et le comportement,
un déséquilibre des substances chimiques du cerveau, la sérotonine et la noradrénaline, qui sont impliquées dans le contrôle et la régulation de l'humeur,
les gènes que vous héritez de vos parents - on estime que vous avez 5 fois plus de chances de développer des troubles anxieux si vous avez un proche parent atteint de cette maladie,
des antécédents d'expériences stressantes ou traumatisantes.
L’anxiété parentale est un indicateur important de l'anxiété des enfants. Cela signifie que si un enfant est confronté à une mère ou un père anxieux, il est très probable qu'il éprouve de l'anxiété. Outre l'anxiété parentale, il existe des situations parentales qui peuvent contribuer à l'anxiété d'un enfant. Il s'agit notamment des situations suivantes :
Des directives parentales incohérentes, qui créent une instabilité pour les enfants,
Un enfant qui ne sait pas si un comportement est acceptable ou non parce que ses parents ne le lui disent pas,
Les conflits parentaux en présence des enfants, qui comprennent à la fois des disputes sans rapport avec les enfants et des désaccords concernant le rôle parental,
Des discussions d'adultes, telles que les questions liées aux autres membres de la famille, les questions médicales et l'actualité, en présence de l'enfant.
Cependant, la désapprobation et la critique sont parmi les sources d'anxiété les plus répandues chez les enfants et nécessitent une attention particulière. Les parents sont les personnes les plus influentes dans la vie des enfants, et je crois que l'approbation des parents est une force de motivation essentielle pour les enfants : Les enfants veulent l'approbation de leurs parents 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Mais, élever un enfant signifie parfois lui communiquer notre désapprobation de ses choix et de son comportement. Même si elle est faite avec douceur et amour, une remarque visant à corriger le comportement de l'enfant est une forme de désapprobation et peut créer de l'anxiété chez lui. Cela signifie qu'un comportement parental normal peut créer une certaine anxiété chez l'enfant. C'est ce que j'appelle l'anxiété nécessaire, qui ne peut être évitée.
Cependant, les parents peuvent éviter l'anxiété inutile, causée par leurs propres sentiments de frustration et de colère intenses dans les interactions entre parents et enfants. Il est important de prendre en compte deux facteurs : l'intensité et l'expression. L'expérience d'anxiété des enfants peut être de faible ou de forte intensité selon l'environnement psychologique du foyer. Par exemple, une remarque parentale visant à corriger en douceur un mauvais comportement entraîne une anxiété d'intensité plutôt faible ; une critique parentale brutale entraîne une intensité élevée.
Anxiété et enfants précoces
La précocité intellectuelle peut en elle-même être une source d'anxiété. Les caractéristiques émotionnelles qui peuvent contribuer à l'anxiété des personnes douées sont notamment les suivantes :
Une sensibilité accrue, qui indique une plus grande conscience de l'environnement social et interpersonnel. Cette sensibilité accrue permet aux enfants de ressentir par procuration les émotions et l'humeur des autres, y compris celles de leurs parents, enseignants et autres adultes. Grâce à cette caractéristique, les enfants sont très conscients des moments où leurs parents sont heureux, anxieux ou stressés, à tel point qu'ils peuvent parfois ressentir ce que leurs parents ressentent. Ils sont également très conscients de la désapprobation ou du manque d'approbation, et peuvent se sentir responsables lorsque leurs parents sont malheureux. Essentiellement, les enfants à haut potentiel ressentent ce que tous les enfants ressentent, mais certains ont des sentiments plus intenses parce qu'ils peuvent voir et sentir davantage les nuances de la communication et du comportement de leurs parents.
L'attitude analytique est la propension d'un individu doué à remettre en question, à évaluer et à juger tout et tous ceux qu'il rencontre. Cependant, les enfants surdoués peuvent être désapprouvés et critiqués lorsqu'ils remettent en question ou défient les personnes en position d'autorité, comme les parents et les enseignants. Par exemple, lorsqu'un enfant précoce corrige l'erreur d'un enseignant, la première réaction peut ne pas être de la gratitude, mais plutôt de la défensive et de la désapprobation. La société et ses agents (parents et éducateurs) s'attendent généralement au respect et à la conformité. Le questionnement peut être perçu comme une résistance et un défi. L'attitude analytique prédispose les enfants à haut potentiel à entrer en conflit avec la société, créant ainsi une source externe de conflit.
L'autocritique peut également être une source d'anxiété. Lorsque les personnes douées tournent leur intelligence sur elles-mêmes, la tendance est de se concentrer sur les déficits plutôt que sur les réalisations. Se regarder à travers une lentille critique peut entraîner une désapprobation de soi et provoquer des conflits internes et de l'anxiété.
Que doivent faire les parents ?
Le premier défi que doivent relever les parents est d'identifier l'anxiété chez leurs enfants doués ou pas. Lorsque les enfants utilisent des déclarations telles que "J'ai peur", les parents peuvent facilement comprendre que leur enfant est anxieux et peuvent réagir en le rassurant. Cependant, l'anxiété n'est pas toujours évidente et peut s'exprimer de différentes manières. Il est important que les parents se rappellent que les crises ou les réactions excessives ne sont pas toujours le signe d'un mauvais comportement, mais peuvent être un signe d'anxiété ou de détresse.
Cependant, les enfants ne sont pas les seuls à réagir de manière excessive ; les parents peuvent aussi surréagir. Les réactions excessives des parents se produisent généralement lorsqu'un parent communique une demande à un enfant et que celui-ci ne répond pas. Cela peut se produire dans des situations banales où, par exemple, un parent demande à un enfant de mettre la table et l'enfant répond par "dans une minute". Un parent peut attendre patiemment, sans réaction émotionnelle, et, lorsque l'enfant continue à résister, le parent répète la demande. Avec les répétitions, l'irritation se transforme en frustration et en colère. Les parents doivent surveiller leurs réactions face au comportement de leurs enfants et minimiser les réactions émotionnelles excessives dans la mesure du possible.
Les parents doivent également accepter qu'eux-mêmes ou d'autres adultes puissent être une source d'anxiété pour leurs enfants. Ils peuvent contribuer à atténuer l'anxiété à la maison en enseignant et en donnant l'exemple d'une pratique consciente et intentionnelle. Lorsqu'un autre adulte en dehors de la famille crée de l'anxiété, les parents peuvent avoir besoin d'informer l'adulte que ses actions sont une source de stress pour leur enfant, et d'apprendre aux enfants plus âgés à se défendre en articulant calmement et clairement ce qui est à l'origine de leur anxiété.
Enfin, les parents d'enfants précoces ont une autre dimension à prendre en compte : La façon dont ils réagissent aux émotions que leur enfant surdoué manifeste en raison d'une sensibilité, d'une perspective analytique et d'une autocritique accrues. Lorsque les enfants précoces expriment des émotions négatives de manière appropriée, la réaction naturelle des parents est de vouloir réduire l'expression des émotions, diminuer la douleur ou résoudre le problème.
Par exemple, un enfant entre à la maison après l'école en disant que c'était une journée horrible parce qu'il a été ignoré par ses amis. Il peut y avoir ou non des larmes. Dans de telles situations, on peut entendre des parents décrire un schéma qui inclut une combinaison de sympathie et de résolution de problèmes : "C'est terrible. Je suis désolé que cela te soit arrivé. Maintenant, parlons de la façon de le gérer/prévenir". Lorsque les parents tentent de raisonner l'enfant, de résoudre le problème ou de convaincre l'enfant que la situation qu'il a vécue n'était pas si mauvaise, ils minimisent l'importance de son expérience. Les parents doivent se rappeler que les émotions ne peuvent pas être "guéries" par le raisonnement.
Lorsque les enfants sont en détresse, il est préférable d'éviter le déni et de pratiquer l'acceptation. Lorsque les parents disent : "Pourquoi es-tu si contrarié/e par cela ?" ou "Ne t'inquiète pas, les choses vont s'arranger", cela banalise l'expérience de leur enfant, ce qui risque d'intensifier ses émotions négatives. Une telle approche peut en fait prolonger les émotions et peut intensifier l'expérience de l'enfant.
De plus, les parents ne doivent pas ajouter de l'huile sur le feu. Une attitude d'acceptation tend à retirer de l'oxygène aux situations chargées en émotions : En encourageant l'expression, le feu s'éteindra de lui-même. Mieux vaut d'encourager l'expression des émotions des enfants, en leur donnant ainsi la possibilité de se calmer.
Les sources d'anxiété des enfants sont nombreuses. Cependant, les parents sont les plus influents dans la vie de leurs enfants et, contrairement aux sources externes, les parents peuvent contrôler l'anxiété qu'ils peuvent créer involontairement chez leurs enfants. En réduisant l'anxiété à la maison, il y aura un changement positif significatif dans le sentiment de sécurité personnelle de leurs enfants.
En outre, les parents d'enfants à haut potentiel, qui ont tendance à être eux-mêmes à haut potentiel, peuvent s'inspirer de leur propre expérience pour aider les enfants à comprendre comment le fait d'être précoce peut être source d'anxiété. Lorsque les parents s'engagent dans une auto-analyse honnête et augmentent leur compréhension de ce que signifie être un haut-potentiel, les enfants précoces en bénéficient.
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