Nous entendons souvent les enfants dire des choses négatives sur eux-mêmes: "Je suis stupide ", Personne ne m'aime", "Je suis gros/se" ou "Je suis moche". Parfois, ces phrases ne visent qu’à susciter la contradiction des personnes aux alentours. Elles peuvent être inoffensives. Mais ce que les experts appellent le discours négatif sur soi-même peut aussi refléter une tendance malsaine des enfants à penser le pire d'eux-mêmes, et peut conduire à - ou être le signe de - quelque chose de plus sérieux.
Qu'est-ce que la voix intérieure ?
La voix intérieure est essentiellement notre monologue intérieur, qui peut raconter ce qui se passe autour de nous et nous guider dans une tâche.
Si ce dialogue intérieur est souvent constructif, il peut aussi être destructeur. Nous avons tous un comportement autocritique de temps en temps, et ce n'est pas une cause immédiate d'inquiétude. Mais il est utile de réfléchir aux raisons pour lesquelles votre enfant pourrait se rabaisser et quand cela pourrait refléter un problème.
Le tout ou rien
Les enfants font souvent des déclarations sur eux-mêmes qui reflètent "une pensée tout ou rien" comme évoqué dans Mon journal contre l'anxiété qui détaille les pensées négatives. Par exemple, lorsqu'un enfant ne réussit pas à un match de football et s'exclame : "Je suis nul en football !" Lorsque ce type de pensée négative persiste, cela peut affecter la façon dont les enfants pensent et se sentent en général.

Le perfectionnisme
Les enfants qui se fixent des normes incroyablement élevées pour eux-mêmes sont enclins à s'engager dans un dialogue intérieur négatif. Ces perfectionnistes peuvent être si durs envers eux-mêmes qu'ils se rabaissent à essayer d'atteindre leurs objectifs.
Les pensées négatives et les stratégies pour s'en débarrasser sont développées dans les journaux contre les pensées négatives, en version papier et numérique :
L'autodérision
Parfois, l'autodérision "Je vais tellement rater ce contrôle" ou "Je suis vraiment obèse" peut être une forme de protection sociale. Pour les enfants plus âgés en particulier, la sphère sociale devient vraiment importante. Dans certains milieux sociaux, il n'est pas toujours bien vu d'être celui ou celle qui réussit en classe, et l'obsession des apparences peut être un moyen de s'intégrer aux autres enfants. Ou peut-être l'enfant essaie-t-il de couper l'herbe sous le pieds de ses camarades en faisant d'abord des déclarations négatives sur lui-même
La recherche d'attention
Parfois, les enfants peuvent s'engager dans un discours négatif, verbalisé à haute voix, dans une tentative de manipuler les autres ou dans un effort pour attirer l'attention. Par exemple, un enfant peut essayer de culpabiliser ses parents en parlant de l'enfant horrible qu'il est et de la façon dont il mérite d'être puni.
Le manque de résilience
Dans certains cas, la pensée autocritique peut être le signe d'un manque de résilience. Si les enfants réagissent régulièrement aux déceptions par un discours négatif sur eux-mêmes qui est hors de proportion avec les déceptions particulières, cela peut conduire à éviter certaines expériences ainsi qu'à un manque de motivation pour persévérer face aux difficultés.
Le harcèlement
Si un enfant est harcelé, il peut être facile pour lui d'intérioriser les insultes qui lui sont adressées. Il suffit de lire le roman "Six contre un" de Cécile Alix pour se rendre compte à quel point l'enfant harcelé finit par croire ses agresseurs (livre conseillé aux plus de 11 ans).

Quand s'inquiéter
Pris isolément, un discours négatif est naturel et ne doit pas susciter d'inquiétude. Mais il peut aussi être la preuve d'une faible estime de soi, d'un trouble de l'apprentissage, d'une anxiété ou d'une dépression. Il est important de surveiller ces signes :
Le dialogue intérieur négatif est persistant et envahissant,
Il n'est pas fondé sur la réalité. Par exemple, votre enfant est invité à jouer mais s'inquiète toujours que personne ne l'aime, ou il réussit toujours les tests d'orthographe mais reste anxieux d'échouer,
Cela a un impact sur les relations de l'enfant ou sur son travail scolaire,
Les habitudes alimentaires et/ou de sommeil de votre enfant ont changé,
Il ou elle fait des déclarations persistantes et vagues "Je ne me sens pas bien" en l'absence de symptômes physiques.
Non traité, un discours intérieur négatif persistant peut conduire à la dépression.
Ce que les parents peuvent faire pour aider
Voici quelques moyens de libérer les enfants des pensées négatives et de les éloigner des discours autodestructeurs :
Écoutez.
Il peut être tentant d'ignorer un enfant qui exprime pour la première fois des sentiments négatifs, mais il est préférable de réagir en demandant par exemple à l'enfant pourquoi il dit cela. Sans juger, offrez-lui la possibilité de parler de ses inquiétudes et essayer de découvrir ce qui se passe.
Proposez une approche réaliste.
Il est déconseillé de lutter contre l'autocritique par une "pensée positive" trop optimiste. Mieux vaut adopter une approche plus réaliste.
Ainsi, si un enfant dit qu'il est sûr que personne ne lui parlera lors de son premier jour dans une nouvelle école, ne lui dites pas : "Le premier jour d'école va être génial et tu vas te faire des tas d'amis". Au lieu de cela, vous pourriez lui dire : "Le premier jour d'école sera peut-être un peu effrayant, mais avec le temps, tu te feras probablement des amis dans cette école".
Mettez tout cela en contexte.
Les adultes peuvent aider en parlant avec les enfants d'une manière qui contextualise leur expérience et offre une perspective plus large. Aidez-les à identifier précisément ce qui les a bouleversés, ou ce qui les a poussés à faire telle autocritique, et à reconnaître qu'une mauvaise expérience n'équivaut pas au pire dans quelque chose.
Donnez l'exemple d'un dialogue intérieur réaliste et positif.
Essayez d'arrêter de faire votre autocritique aussi. Ne vous focalisez pas sur les erreurs que vous avez commises, et ne vous inquiétez pas à voix haute de votre poids devant votre enfant. Il est nécessaire de donner l'exemple d'une estime de soi positive à ses enfants. Vous pouvez également raconter des passages de votre propre vie à votre enfant. Qu'il s'agisse d'un exemple embelli ou entièrement factuel, vous pouvez proposer un modèle non anxieux et un langage de soi plus réaliste.
Corrigez-vous devant l'enfant.
Lorsque vous vous surprenez à faire une déclaration négative sur vous même devant l'enfant, saisissez l'occasion pour créer un moment d'apprentissage précieux. Imaginions que vous ayez laissé brûler quelque chose et que vous disiez de frustration : "Mais quel/le mauvais/e cuisinier/e !" Continuez la conversation devant votre enfant en disant quelque chose comme "En fait, je suis plutôt bon/ne cuisinier/e la plupart du temps, j'ai juste gâché ce plat mais ce n'est pas la fin du monde".
Contactez l'école.
Si votre enfant est à l'école, renseignez-vous auprès de ses professeurs sur ce qu'ils ont pu percevoir. Leur point de vue peut vous aider à avoir une vision plus complète de la situation.
Demandez l'aide d'un professionnel.
Si le comportement est persistant et a un impact négatif sur la vie de votre enfant, ou s'il est lié à d'autres changements d'humeur et de comportement troublants, il est peut-être temps d'obtenir une évaluation pour aider à déterminer la cause du problème.
Pour aller plus loin, voici deux posters gratuits sur les pensées négatives :
Et une fiche gratuite à télécharger pour suivre ses pensées autocritiques :
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